La suppression des taxes sur les produits d’origine lointaine est une erreur économique, écologique et politique

Les arguments avancés pour le libre échange au niveau mondial, qui sont tirés de raisonnements d’une autre époque, expriment des rapports de pouvoir en Europe qui couteront cher à l’avenir de la planète.
L’augmentation des échanges apportera du profit surtout aux transporteurs maritimes qui sont des entreprises à gros capitaux, ainsi qu’aux plateformes d’échange de containers de Rotterdam, Anvers et Hambourg. Quant à la courbe des revenus dans les pays producteurs à bas salaires : ce sont les grossistes qui imposeront leurs prix et qui régenteront le marché de l’emploi comme on le voit d’ores et déjà.
La volatilité des denrées à la base de la production, et cotées sur les marchés financiers, céréales pour le bétail d’un côté, métaux de l’autre (voitures) n’a aucune raison d’être la même. Aucune compensation n’est à en attendre, ces volatilités vont créer des incertitudes à terme dont il faudra se protéger par des produits financiers.
Pour les émissions de CO2 l’augmentation du trafic mondial est le pire qui puisse arriver à notre planète. Si tous les échanges se faisaient sans taxes, le CO2 ferait fondre les dernières glaces arctiques.

En fait l’idée de traité avec le Mercosur est une tentative d’utiliser un argument de liberté du marché datant de Jean-Batiste Say. Celui-ci pensait à l’extension du commerce avec des régions nouvelles qui se heurtait à des taxes systématiques à l’aveugle. Aujourd’hui les structures marchandes existent partout et il est peu vraisemblable que la suppression des droits de douane profitera aux pauvres des pays producteurs à bas salaires. Sous l’angle de la gouvernance en Europe c’est une facilité qui n’a d’intérêt que de montrer clairement le pouvoir de la Commission en ces temps incertains. Cependant il est probable que Donald Trump, pour diminuer la dépendance de l’économie américaine à la Chine, va entamer une nouvelle période de taxation choisie et ciblée, non pour diminuer les émissions de CO2 mais pour des raisons de stratégie économique. Il serait pour le moins bizarre que l’UE adopte une politique commerciale plus émettrice de CO2, simplement pour vendre les grosses voitures allemandes.

J’avais 23 ans en mai 68. A cette époque le marxisme était dominant chez les jeunes et les intellectuels. En général le processus des changements géopolitiques était toujours le même. Des groupes de gauche, suivant la théorie des minorités agissantes, parvenaient à constituer un climat insurrectionnel dans quelque pays. Et devant le danger de leur prise de pouvoir, les États-Unis ou l’OTAN intervenaient. Les révolutionnaires étaient alors militairement aidés par l’URSS ou la Chine.
Aujourd’hui la situation s’est radicalement modifiée. A la longue, et par le coup de génie de la création des marchés financiers à terme dans les années 1970, la raison économique a pris le dessus sur les passions idéologiques. La moins mauvaise solution pour les pays peu développés s’avère être un régime pourvu d’un exécutif fort avec un parlement d’appoint pour légiférer sur les affaires courantes. Ils peuvent ainsi se protéger contre la tempête du commerce international et les vents violents de la volatilité.
La stratégie de la gauche occidentale est alors souvent d’appuyer l’opposition locale en présentant le pouvoir comme despotique, en aidant des associations agissant contre le régime, grâce à une lutte idéologique sur la liberté et la condition féminine.
Suivant les cas le résultat peut tirer le pays vers une certaine prospérité lorsqu’il profite d’une situation favorable. Mais le plus souvent cela ne mène à rien d’autre que le chaos comme à Cuba, en Irak, à Madagascar, au Venezuela, Haïti, etc.
Aujourd’hui tous les cas semblent particuliers. Le rôle de la Chine n’est plus régional mais mondial. La technique n’est plus mécanique mais informationnelle et biochimique. La pollution est partout sans responsable désigné. Le changement climatique rend plusieurs pays du Sud invivables.
La drogue gagne du terrain. Il est impossible de vérifier les contenu des containers au départ ni à l’arrivée, Rotterdam est devenu la plaque tournante de la drogue en Europe.

Comment la gauche européenne ne comprend-elle pas que par son mondialisme en matière de commerce et de mœurs, elle fait le jeu du capitalisme le plus brutal, le plus  sans scrupules, détruisant inexorablement la relation des hommes entre eux et avec la nature ? D’une façon générale la gouvernance facile, par les forces du marché, est plutôt aujourd’hui l’indice d’un problème oublié.
Le Maroc et la Norvège par exemple, n’ont pas tort d’adopter des politiques de taxes, les droits de douane ne polluent pas.

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