Qu’on appelle ces conditions biogéochimiques, la biosphère, Gaïa, la biogée, la nature, la planète, l’environnement, importe peu. Le rapport spécial du GIEC vient de sortir, la déforestation croissante de l’Amazonie, les incendies en Sibérie, l’albédo qui chute, les émissions anthropiques de CO2 à la hausse, le petit égoïsme au pouvoir aux US et ailleurs, que faire?
Il faut plus de transparence sur les responsabilités.
L’idée, due à James Lovelock et Lynn Margulis d’en parler de façon allégorique comme Gaïa était de bonne didactique. Cette façon de penser la planète est comprise facilement et soutenue par nombre de biologistes et d’éthologues. Stephen Jay Gould a fait connaître les ressorts imaginatifs de l’évolution et sa vulnérabilité. Stephan Harding évoque très bien Gaïa [1]. Bruno Latour a eu raison d’en parler [2].
Sur le problème on a déjà tout dit, tout retourné, la myopie de l’intérêt individuel, la faillite de l’économie sur les communs, le rôle d’alerte des scientifiques sur le long terme, le pouvoir donné à la consommation égoïste par la démocratie libérale, tout a été dit : maintenant on est entré vraiment dans l’irréparable,
Il faut au moins cesser le profit sur la dégradation.
Cela veut dire pleine transparence sur les responsabilités. Il faut dire et marteler que la finance a montré son impuissance avec ses solutions vertes soi-disant magiques (marchés de droits, marchés de compensation) elle doit être réformée. Il est techniquement possible de savoir combien émettent de carbone les Etats et les entreprises, on arrive bien à savoir les PIB et les bilans comptables.
- Plus de transparence sur les actionnaires. Il est normal que l’Etat ait suffisamment d’information pour pouvoir moduler ses prélèvements sur les revenus financiers en fonction des progrès faits par les entreprises concernées en matière de rejets.
- Les agences de notation. Au niveau du marché du crédit, où notamment les Etats empruntent, les agences de notations doivent être incitées à tenir compte de l’environnement et déjà à publier annuellement un bilan comparatif de leurs notes et des résultats environnementaux des entreprises et des Etats qu’elles ont notés. Ce n’est pas grand-chose mais ça peut faire du bruit dans les médias.
- Et puis il y a tout le reste qui compte énormément. La lutte contre les profits sur la dégradation concerne tous les recoins de notre consommation. Il faut boucher toutes les voies d’eau pour que le bateau garde la flottaison.
[1] Stephan Harding Animate Earth, Science, Intuition and Gaia, Green Books 2006.
[2] B. Latour, Face à Gaïa, huit conférences sur le nouveau régime climatique, La Découverte 2015.